Nous ne sommes pas sorti.e..s indemnes de nos rencontres avec les écritures de Younes Amrani et Annie Ernaux. La manière juste de « répondre », c’est de faire la “même chose”, à notre endroit spécifique, le théâtre. Nous allons donc nous confronter à nos propres histoires et à nos propres écritures et tenter de faire “mémoire commune”. Le motif de l’enfance nous apparaît comme l’entrée juste et honnête pour ce travail. Mon intuition, c'est que l'écriture scénique va précéder l'écriture « manuscrite ». Je crois que c'est juste pour aborder le motif de l'enfance. Car si l'enfance c'est le corps (enfant, du latin infans, c'est celui qui ne parle pas encore), il va nous falloir écrire avec tout ce qui fait le corps (les sensations, le mouvement, les frémissements, même infimes). Les auteurs - acteurs vont devoir écrire avec leur art de sentir (le jeu). Les mots ne pourront être posés qu'ensuite. Mais alors, peut-être seront-ils profondément justes.
Charlotte Le Bras – septembre 2020